Fabrication du cidre à l'ancienne en Normandie.
Villy-Bocage (Calvados) C'est ici, dans ce décor bucolique que les choses se passent, chez Monsieur Jean-Pierre Guérin.
Tout d'abord le broyeur de son vrai nom : le ragréeur. Modernisé, car dans l'enfance de Monsieur JP Guérin il fallait tourner une énorme manivelle à la main, tâche confiée en général aux enfants. Et croyez-moi ceux de ces enfants qui devaient la tourner ne peuvent oublier combien c'était difficile, lourd et fatigant. En quoi a-t-il été modernisé ? Monsieur Guérin à remplacé la manivelle à main par un moteur, mais l'appareil lui-même est toujours le même.
Il faut d'abord broyer les pommes. Elles sont concassées à l'intérieur de cet appareil soit par des mâchoires réglables, soit par des couteaux.
Les pommes écrasées tombent dans un bac de récupération et tant que faire se peut dans la pelle qui va permettre de les verser directement dans le pressoir.
Monsieur Guérin prend une poignée de pommes qu'il presse dans ses mains ; un nectar précieux et abondant ruisselle entre ses doigts. Et hop, on place immédiatement les pommes dans le pressoir. Regardez, tout ce qui est marron est de la pomme écrasée depuis quelques minutes seulement. Les pommes changent immédiatement de couleur.
L'opération va se répéter jusqu'à ce que le pressoir soit vraiment bien plein.
On continue de remplir le pressoir, puis on tasse à la main.
Enfin on ajoute encore quelques seaux de pommes et on tasse à nouveau, toujours à la main.
Enfin quand le pressoir est totalement rempli il faut poser au sommet du pressoir de lourds blocs en bois de chêne, les blochets. Les deux premières pièces de bois sont deux demi-cercles épousant parfaitement la forme du pressoir et de la vis.
Les pièces suivantes sont de gros et lourds morceaux de chêne qu'il faut croiser les uns au-dessus des autres. Monsieur Guérin va en ajouter jusqu'au haut de la vis. Les pièces de bois demandent à être placées minutieusement, après un premier ajustement, il faut prendre le temps de replacer tout ce montage de façon encore plus précise, pour atteindre la perfection.
Petit à petit les blochets ont pris leur place. Tout en haut de la vis, ce sont les pièces en fonte, qu'on appelle la noix, qui vont permettre aux morceaux de bois de compresser les pommes. Elles sont descendues le long de la vis à main d'homme, lentement, précisément.
La noix :
Au fur et à mesure le jus de pomme s'écoule. Je m'attendais à le voir sortir à travers les lattes tout le long du "fût", mais non il se déverse doucement au bas du pressoir. La noix est descendue peu à peu, selon l'écoulement du breuvage. L'opération va au final s'effectuer à l'aide d'un levier qu'on insère dans une pièce de la noix prévue à cet efffet.
Le filtre artisanal installé à la sortie sert à retenir un maximum de particules de pommes qui parviennent à s'échapper du pressoir.
Regardez la couleur sombre du jus de pomme. Plus il est noir et meilleur il est. Cette couleur est la preuve que c'est un jus sucré à souhait.
La deuxième et dernière modernité apportée par Monsieur Guérin est la pompe qu'il a installée. Elle permet de recueillir le précieux nectar pour le transférer directement dans son tonneau, sans quoi il faudrait effectuer cette opération manuellement.
Une bouteille de jus de pommes à la sortie du presssoir.
Le jus est immédiatement transféré dans le tonneau. Le sucre devient alcool par fermentation ; le jus de pommes se transforme en cidre. Après sa transformation il est pesé, c'est à dire qu'on évalue la quantité de sucre qu'il contient, et quand il est à 1020 on peut le metre en bouteille pour en faire le fameux cidre bouché dont les habitués vous diront qu'ils le préfèrent quand il est débouché....
Je remercie Monsieur Guérin qui nous a permis de revoir tout ça. Ça a été un moment particulièrement savoureux (ah ben,oui, hein, je n'ai pas pu m'en empêcher j'ai dégusté le jus à la sortie du pressoir).