Concours : une peur d'enfant.
La peur est communicative.
Enfant, je n'étais pas de naturel très peureuse. Par contre mon frère avait souvent une belle imagination qui lui faisait redouter un tas de choses auxquelles je ne pensais même pas.
Nous habitions une maison dont la porte d'entrée, sans juda, ne pouvait s'ouvrir de l'extérieur qu'avec une clé.
Un jour que nos parents étaient partis travailler nous étions restés seuls dans cette maison quand tout à coup la sonnette retentit. C'est à ce moment que l'imagination de mon frère a comencé à divaguer. Il me dit qu'il ne faut pas ouvrir qu'on ne sait pas qui est derrière la porte. Je commence par ne pas trop l'écouter, mais il m'empêche d'ouvrir.
Il me dit qu'on ne sait pas qui sonne, que ce peut-être un voleur.
Les coups de sonnette se multiplient. Sa peur grandit et je finis par penser qu'il n'a pas tort. Et si ce n'était pas un voleur mais un homme qui, nous sachant seuls à la maison, voulait nous kidnapper ?
La peur me gagne. Des images terrifiantes défilent devant mes yeux.
Le croque-mitaine derrière la porte est terriblement insistant. Ce n'est pas normal. Si l'inconnu était un quelconque visiteur de passage voire un démarcheur il y a longtemps qu'il serait parti. Mais là, rien ne s'emble pouvoir l'arrêter. Il sonne frénétiquement et plus il periste plus notre peur s'accroit. A force de nous concerter je suis de plus en plus effrayée. C'est évident, nous n'attendons personne donc il ne peut s'agir que d'un être malfaisant, un scélérat, le marchand de peaux de lapins, le garde-champêtre, un bohémien, un monstre, un ogre. Et si les fantômes existaient ? Et si derrière la porte il y avait un affreux meurtrier ?
Nous n'avons plus aucun doute, ouvrir la porte nous conduira aux portes de l'enfer.
Puis le silence se fait, l'étranger est parti, nous commençons à respirer.
C'est alors que notre maman rentre du travail. Nous sommes contents et soulagés. Nous voulions lui expliquer qu'il s'était passé quelque chose de terrible ce matin, mais notre joie de la revoir fut de courte durée. Elle était dans une colère noire :
- " Vous vous rendez compte que ça fait une heure que je sonne pour que vous ouvriez la porte et vous m'avez laissée dehors ! Mais qu'est-ce qui vous prend ? J'ai du travail. Vous êtes vraiment insupportables, vous allez me faire quoi la prochaine fois ? J'ai été obligée d'aller chercher une clé chez la concierge, elle n'en revient pas que vous ayez osé me laisser dehors "
Nous avons essayé de lui faire part de nos peurs, mais elle était tellement en colère qu'elle n'a rien entendu. En tous les cas c'est depuis ce jour que j'ai compris combien la peur est communicative. Et ce jour là j'ai eu la plus grosse frayeur de ma vie d'enfant.
J'aimerais le livre "Comment ratatiner les ogres ?" .
S'il avait existé à cette époque et si nous l'avions lu, il nous aurait sans aucun doute appris comment ouvrir bravement la porte quand on ne sait pas qui est derrière.