Notre logement lors de la "reconstruction".
Document de la Mairie de Villers-Bocage.
Notre ami Belge, alors que je lui exposai ma vision de ce qu'avait été la reconstruction dans le début des années, me fit ramarquer "Ah ! c'est ainsi que vous dites : la reconstruction ? "
Sa réflexion m'a amusée et m'a fait réfléchir. Oui, en effet, nous appelons "ça" la reconstruction. J'imagine que tous les Bas-Normands savent de quoi nous parlons. Mais effectivement, ce n'est pas du tout évident pour qui n'est pas de la région. À l'avenir lorsque je recevrais des expat du Sud de la France ou d'ailleurs, je prendrais soin de spécifier ce que, dans notre vocabulaire, veut dire le mot "RECONSTRUCTION".
A notre arrivée en 1951/1952 nous étions logés dans un baraquement de fortune, sans eau courante ni électricité. Il était situé sur l'actuelle place de la mairie. Pour avoir de l'eau, nous disposions d'une pompe située près de la mairie. Elle était commune à plusieurs familles.
L'école du village était installée dans ce que nous appelions un tonneau, c'een fait dans un baraquement en forme de demi-lune, la mairie était elle aussi dans un bâtiment provisoire. J'adorais ses escaliers dans lesquels je me plaisais à jouer.
Quelques temps plus tard nous avons emmenagé dans l'immeuble qui fut le seul immeuble de Villers pendant très longtemps. À l'instar de toute la reconstruction, notre appartement disposait de l'électricité, de l'eau courante, et même d'un chauffe-eau qui permettait d'avoir l'eau chaude au robinet.
L'immeuble n'a pas beaucoup changé, sauf que de nos jours il est hyper entretenu, les troënes sont rigoureusement taillés, les poubelles ont leur logement, les caves sont bien éclairées et on y a même installés de jolis jeux pour les enfants.... Autrefois tous les enfants étaient dehors à jouer autour d'un bac à sable jamais renouvelé. Au secours, nous devrions tous être morts selon les critères d'hygiène actuels, mais nous étions solides et résistants sans doute, car je n'en connais pas un seul qui ne soit tombé "malade du bac à sable". Actuellement, malgré tous les soins apportés au confort de nos petits, je n'en vois jamais un seul autour des jeux. Allez comprendre.
Rue Saint-Germain. Il n'y avait pas non plus toutes ces voitures devant les portes. La rue appartenait aux enfants. Alors que je rappelai la façon dont nous transformions notre rue en patinoire l'hiver, dès qu'il neigeait, Janispaul me demanda :
- " Mais les voisins ne râlaient pas ? Ils ne vous disais pas qu'à cause de vous la rue était glissante, que c'était dangereux et qu'ils allaient tomber ? "
Justement, non, les voisins, tout comme mes parents avaient eux aussi des enfants qui jouaient à faire de belles glissades, les glissades les plus longues possibles dans cette rue en pente douce. Tous nous laissaient jouer tranquillement. C'était aussi ça la vie autrefois.