Mes deux desserts très normands.
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Combien de fois notre mère n'a-t-elle pas fait cuire, dans un grand plat, des pommes le plus souvent un peu brûlées ? C'est qu'à cette époque notre bonne cuisinière à charbon n'avait pas de thermostat et il était bien difficile de réussir les pâtisseries même les plus simples. De presque crues à brûlées, il n'y avait le plus souvent pas d'autre choix que de se satisfaire de l'une ou de l'autre de ces deux solutions.
Mais elle aimait ses pommes. A plus de quatre vingt dix ans, elle avait des yeux pétillants, et un sourire malicieux pour me dire d'un air gourmand "ah oui, j'aime ça".
Et je me surprends à ne pas savoir y résister moi non plus. En réalité, l'hiver je faisais de nombreux gâteaux à base de pommes : tartes, tartes tatin, crumble, clafoutis.... mais le destin m'a joué un bien vilain tour en m'interdisant le droit à la gourmandise.
Alors, pour limiter un peu les risques, je me lance à mon tour dans la cuisson des pommes au four. Pour moi je les cuis sans sucre.
C'est tellement simple : il suffit de retirer les pépins, de placer les pommes dans un plat, de verser un peu de sucre sur chaque pomme, et hop passage une trentaine de minutes dans un four chaud.
Impossible de faire plus simple. Mais quelle bonne odeur de fruits chauds dans la maison.
Chez nous on ne faisait que du classique riz au lait. Il n'y en avait jamais trop. De nos jours c'est la teurgoule qui s'invite sur les tables de fêtes. Dans les familles on retrouve les recettes ancestrales du riz à la cannelle, de la fallue et du brasillé (deux brioches traditionnelles normandes).
Comme la plupart des recettes anciennes, celle-ci est née de la combinaison des ressources locales et des besoins économiques des familles et des boulangers. On apportait sa terrine contenant le lait, le riz, le sucre et la cannelle à la boulangerie pour que la teurgoule cuise dans le four après la cuisson du pain. Je sais qu'un boulanger de la région de Falaise perpétue encore la tradition, mais je ne suis pas certaine qu'il y en ait encore beaucoup d'autres.
J'ai mangé ma première teurgoule alors que je devais avoir entre trente et quarante ans, et j'ai voulu m'y essayer.
Ma recette de teurgoule.
Pour trois litres de lait de ferme, entier et cru.
- 250 grammes de bon riz rond
- 250 grammes de sucre
- 1 cuillère à café de cannelle
et c'est tout.
Mettre le riz, le sucre et la cannelle dans le plat à teurgoule.
Faire chauffer le lait dans une casserole et le verser sur le riz.
Faire chauffer le four à 120° et enfourner la terrine.
Laisser cuire 7 heures à 120° et laisser refroidir dans le four.
Aujourd'hui j'ai fait une teurgoule et des pommes cuites, la maison est pleine de ces odeurs d'enfance et de la tiède chaleur de leur cuisson. Je retrouve dans ces odeurs la douceur d'un bonheur simple que j'aurais tant aimé faire partager, mais je ne suis pas certaine que je sois capable de transmettre mon gout pour ces traditions.
Le 22 juillet 2014.
Il faut toujours se faire confiance : la tradition est bien acceptée, voir plébiscitée. Depuis 2008 j'en ai fait des teurgoules et la demande est toujours là.